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vie privee - Page 8

  • " Le parfum écarlate des Catleyas. "

    zzzz-hubert.jpgJ’ai la nostalgie d’une époque que je n’ai pas connue, pas vécue.


    Celle des calèches et des voilettes, des Catleyas épinglés sur le grain d’un corsage, des fracs et des ombrelles, des guêpières, des falbalas, des interdits, des non-dits, des artifices.


    Les gilets de Brummell ; les boucles dorées de Dorian Gray, les collerettes du Gilles de Watteau, les talons rouges d’Oriane de Guermantes.


    J’ai trop lu et bien trop vite; dévoré que j’étais d’acquérir cette intelligence de l’histoire, cette « servitude volontaire » dont Proust écrit qu’elle est le « commencement de la liberté ».


    En plongeant dans la lecture d’auteurs « classiques », j’inventais ma propre modernité avec une réelle sincérité, comme si je trouvais dans l’admiration que je portais à ces maitres ce qui m’aiderait à devenir moi-même un géni de perversité.


    J’avais quinze ans, je crois, un amant aux mains douces, au corps, dur du double de mon âge ; un maitre lui aussi dont je ne doutais pas, que d’instinct déjà, je surpassais les talents.


    Je jouais à l’adulte, il jouait à l’enfant.

    Je lui offrais des pralines et des fondants ; il me donnait des livres et des parfums : Graham Green et Guerlain.


    Je porte encore aujourd’hui cette essence Orientale , toute vêtue d’écarlate , tête de Bergamote et d’Orange ; cœur d’épices et de Patchouli que doucement réchauffe un frisson de vanille porté par une note unique , tenue , tendue presqu’en apesanteur de cette écorce se bouleau que l’on nommait joliment durant les années folles « cuir de Russie » .


    Les parfums se souviennent pour nous ; les parfums se souviennent mieux que nous.


    J’ai depuis longtemps oublié le grain poli, serré, cendré – ou du moins il me plait à imaginer qu’il l’était, poli, serré, cendré ce fameux grain – de la peau de mon premier amant ; mais je garde intacte, plus étincelante, plus tranchante que le biseau d’un diamant ; les mémoires des aromes capiteuses au creux noirs de ses aisselles et sur son sexe ou buissonnières elles se jouaient de mes émois d’enfant impur.


    Du reste ces premières digressions, ces premières transgressions s’épanouissaient sous le signe du jeu puisque cet amant là était comédien.

    Il joue encore, je crois.

     Les faire valoir, les seconds couteaux.

    Il est « encore beau » comme l’on dit de ceux qui ne le sont plus vraiment.
    Je l’ai croisé il y a peu dans le hall d’un hôtel Romain et c’est lui qui ne m’a pas reconnu.


    J’ai aujourd’hui l’âge qu’il avait à l’époque et des amants trop jeunes pour moi .

    Des garçons bruns et dorés, des garçons bleus et blonds.

     Je les aime sans gourmandise, sans appétit.


    A vrai dire je ne les aime moins que je ne les exhibe, objets précieux qui iraient bien à mon statut social.

    Les bonnes chaussures, la bonne cravate, la montre « comme il faut », mauvais genre mais pas trop, du cashmere et de la soie en hiver ; des polos blancs et des pantalons de lin en été, des dessous chics un rien salope ; le garçon adéquat.


    Sois beau et tais-toi.


    Chris, mon préféré parce que le moins présent, lui, ne se tait pas.


    Il a lu Proust évidement et résume la « recherche » d’une phrase lapidaire :

    « -Mille pages pour expliquer que Tutuve encule Tatave, avoue que c’est un peu long. »

    Oui mon chéri, c’est un peu long !

     


    Du reste, j’aime à lui faire croire que notre relation aussi c’est un peu long……

     

  • " Profumi di Roma."

    zzzz-j-villa-borghese-05-08.jpgRome Printemps 2008.

    Comme j’avais dû lui faire de la peine.
    Comme je comprenais à présent à quel point ma légèreté, ma désinvolture, mon manque de discernement l’avaient blessé, tandis que mes sourires chagrins, mes baisers roses et melliflus, mes mines de chattemite, mes cajoleries patte pelues se heurtaient à son air cabochard, son mutisme dédaigneux, cette obstination rosse qu’il mettait à éviter mon regard, cet orgueil de commis aux ordres d’un chef calomnieux avec lequel il manœuvrait en cuisine, versant à dose égale et intervalles précis le jus roux d’un bouillon de bœuf dans le caquelon de terre bistre ou achevaient de blondir le riz, le lard, les échalotes, qu’il transmuerait d’une main illusionniste et inspirée en un superbe risotto au Gorgonzola , aux poires et au Gingembre .

    Cocufié, il m’aurait probablement tranché la gorge et balancé encore agonisant dans les eaux brunes d’un Tibre qui n’en pouvait plus de charrier des cadavres tumescents depuis les temps immémoriaux ou Latins, Sabins, Etrusques se partageaient les marécages de la plaine du Latium, hélas nul sang versé ne se montrerait assez abondant, assez noir, assez âpre pour laver l’affront subit.

    Que je revois Julien, dit « Beau. Masque », mon premier véritable grand amour, de passage quelques jours à Rome, que je lui serve de guide dans une ville aux multiples splendeurs et qu’il ne connaissait pas, Silvio pouvait encore, quoique d’assez mauvaise figure, l’admettre. En revanche que j’offris à ce même Julien les trésors insolites, ignorés des touristes comme de certains autochtones, d’une cité interdite aux profanes; secrets protégés, chuchotés, échangés sous le manteau comme ont eut échangé des pamphlets au temps des dictatures, secrets que Silvio dont l’ascendance Romaine remontait, selon ses dires, à Tarquin le superbe, m’avait transmis en gage d’amour eternel, dépassait son entendement comme ses possibilités d’absolution.


    Le plus curieux dans tout cela est qu’il avait envisagé, un instant, de faire lui-même à « Beau. Masque » les honneurs de sa Rome buissonnière, escomptant de manière très Latine que sa présence à nos cotés freinerait des rapprochements qu’il savait impossibles mais que par pur masochisme il s’échinait à estimer probables dés lors qu’entraient en jeu deux épidermes particulièrement réactifs, la douceur imprégnée d’amertume des retrouvailles, les traitrises férocement rayonnantes d’un printemps Italien qui déjà se parait des Gonfalons bravaches d’un été vociférant la promesse orageuse d’une ultime échauffourée. Et puis il s’était ravisé, sans raisons, sans explications, comme il eut plaqué un dernier accord aux touches d’un piano au beau milieu d’un concertino, me mettant en quelque sorte dans l’obligation de prouver sinon mon amour, du moins ma bonne foi en entrainant Julien sur les sentiers balisés des tours opérateurs.

    Il me connaissait bien, pourtant, depuis un an que nous vivions ensemble. Il ne pouvait prétendre ignorer que je ne faisais jamais que le contraire de ce que l’on attendait de moi.

    La jalousie, cependant, le tenaillait moins que la pensée obsédante, cruelle, perfide de savoir partagé par un autre un privilège que je lui devais, un peu à la manière d’un mari berné dont l’épouse se parerait des dessous chics qu’il lui aurait donnés pour séduire un rival.


    Les seules paroles qu’il ait daigné m’accorder à mon retour étaient, en l’occurrence, assez éloquentes.

    « -Tu as toujours ta bague ! Tu ne la lui as pas donnée ? Dommage !

    Cette bague, une topaze montée sur platine, Julien l’avait admirée sans retenir ma main dans la sienne plus longtemps que nécessaire.

    « -Mazette ma chère, il ne te refuse rien ! De mon temps, s’il m’en souvient encore, tu te contentais d’un minable anneau d’argent incrusté de turquoises. Fausses en plus les turquoises, je peux bien te l’avouer maintenant.

    « - Saloperie, tu mériterais que je te traine par la peau des couilles via Bocca di Leone, chez « Versace ».

    « -Toujours aussi cupide, « Mauvaise. Graine » ?

    « - Toujours des oursins plein les poches « Beau. Masque » ?

    Nous commençâmes notre périple par une visite de Santa Maria dell’ Orto dans le Trastevere, une église discrète, étriquée, coincée entre les bâtiments de l’ancien hôpital et les hautes façades d’immeubles modernes, mais dont le petit jardin ou poussent, vertes et vivaces , à l’ombre d’une cote de baleine aussi spectaculaire qu’incongrue, ex voto d’un marin au long cours soigné et guéri en cet hospice, des aromates, de mauvaises herbes et la « Latarella » , cette « terre crépie », sorte de pissenlit sauvage dont ne sauraient se passer les épaisses soupes de pays parfumées à l’os de jambon et à l’échine de porc, est un asile de fraicheur, de senteurs ,de couleurs; le camerlingue un homme exquis érudit, bienveillant ; le maitre autel supportant « La machine des Quarante heures » , structure complexe de bois précieux doré à l’or fin ornée de 213 bougies que l’on allume toutes au même instant le Jeudi Saint , une pièce unique signée Luigi Clémenti.

    Nous marchâmes ensuite une heure durant parmi les rues et les ruelles quasiment désertes en ce tout début d’après midi, interrogeant les symboles cabalistiques qui, aux frontons de certaines arches, portes, gorges ou portières prétendent révéler l’avenir aux Rose-Croix, écoutant le murmure des statues, le silence oisif des fontaines, nous marchâmes jusqu’à la villa Borghèse dont je voulais faire découvrir à Julien le délice Anglais des jardins en terrasses , la grâce frêle et vide du temple d’Esculapes, perdu au bord d’un lac romantique dont les eaux argentées bruissaient ,entre les racines des arbres, comme un refrain d’harmonica, mais aussi et surtout les collections de Scipion Borghèse auxquelles s’ajoutent, non moins remarquables, celles de la famille Aldobrandini.

    Plus qu’aux joyaux de Raphaël , Ghirlandaio, Le Corrège, Botticelli, Bruegel l'ancien, Le Caravage, « Beau .Masque » , Ajaccien poussé , insolent et profane entre les petites rues Sainte Claire et Saint Charles, contre le flanc rose Vénitien de la cathédrale même ou, deux siècles auparavant furent baptisées toutes les futures têtes couronnées d’Europe, se montra sensible à la nudité altière ,opulente , scandaleuse , de cette « vénus Impériale » due au ciseau d'un Canova inspiré par le charme sans égal de la princesse Pauline Borghèse née Paoletta Bonaparte, elle qu'avec indulgence et affection l'Empire surnommait "Notre Dame des colifichets » , elle ,la plus belle et, au grand dam de son auguste frangin ,la plus chaude femme de son temps, l’éclat nacreux du marbre blanc peinant d’ailleurs à tempérer, l’obscure aura de prédatrice sexuelle et la plantureuse sensualité Méditerranéenne du modèle .

    De la Piazza Napoleone ou nous nous trouvions, nous dominions, du Champs de Mars jusqu’à l’Aventin, la ville entière.

    Rome s’étendait à nos pieds, immense et lascive, austère et solennelle comme les longues limousines noires glissant silencieuses le long des artères du Vatican, vulgaire et hâbleuse telles les putains callipyges offrant leurs charmes bruns et laiteux , leurs rires éraillés de filles folles aux berges du vieux fleuve.

    Des hauteurs du Pincio, un escalier déboulait jusqu’à la piazza Del Popolo qui n’est pas selon l’idée reçue la « Place du Peuple » mais la « place du peuplier » puisque selon la légende un peuplier y poussa à l’emplacement du mausolée de Néron.

    Négligeant l’obélisque en granit rose d’Héliopolis et les églises jumelles de Santa Maria di Montesanto et Santa Maria dei Miracoli, j’entrainais un « Beau. Masque » déjà fourbu et gavé de bondieuseries, vers un espace de détente, de plaisir, d’harmonie que Silvio et moi, tous nos sens en émoi, visitions au moins une fois par semaine, « l’Olfattorio » de la via Repetta, à ma connaissance le seul bar à parfums au monde.

    Dans un décor épuré au froid tapi d’aluminium blanc, la boutique, crée par les sympathiques Renata De Rossi et John Gaidano ,offrait aux nez musards le privilège de s’émouvoir de plus de deux cent « essences absolues », permettait dans son grand Olflatorium, véritable conservatoire du parfum, d’assister à des cours professionnels n’excluant pas les profanes et de savourer au mini bar dans des calices de papier montés sur de fines tiges de plastique translucides les sortilèges d’arômes complexes aussi enivrants que cette « part des anges » que l’on respire à la frange châtaine des grands Cognacs .


    On venait à l’Olfattorio, pour y siroter une flute de mures d’été et de musc patchouli, une coupe de poussière de roses au cœur automnal de fruit secs et de pétales doucement fanant sur un fond de cannelle et d’encens, un grand verre de diabolo rose, pétillant de toute la verve de la menthe poivrée et de la Bergamote de Sicile , comme en un five o clock dans le boudoir d’une cocotte , une tasse de rose praline aux accents chaleureux de chocolat noir et de Lapsang Souchong ou, masculin en diable, un cocktail de citron , de vanille , de mandarine et de cuir, mais aussi pour y choisir , voire y composer un parfum de circonstance ; celui d’un premier rendez vous ou d’un dernier baiser.


    Ravi comme un gourmand dans une chocolaterie, « Beau .Masque » oiselait de terres d’épices en jardins imaginaires, voyageait de Badiane Chinoise en Frangipane de Calabre, redécouvrait la saveur lactée des premières figues, le gout poisseux des tartes à la confiture, s’illuminait d’ambre gris et du velours noir des tubéreuse, tandis que j’échouais à retrouver le « chaud –froid » mordant , les soleils de glace de cette eau de violettes et de piments , d’Absinthe et d’Angéliques, crissant de cassis bleu, crépitant d’aiguilles de pin que j’aurais aimé offrir à Silvio en gage de reddition .

    Certains couples se séparent à cause d’un mensonge, d’une trahison, d’autres par lassitude ou par ennui, Silvio et moi nous sommes quittés pour l’insolente simplicité d’une note éblouie de mimosa, de mandarine rouge et de bois blanc qu’un « Beau. Masque » taquin déposa derrière mon oreille et sur mon cou, mouche au rosier.

    Mais qu’importe la raison ou l’absence de raisons puisque je ne regrette rien.

    Silvio ne m’aimait plus et Julien était beau.

     

  • "Premiers pas dans la mafia"

     

    zzzzzzzzzzzzzzzzartfxm09.jpgS’acclimater en pays étranger, même lorsque vous en connaissez parfaitement la langue, l’histoire et la plupart des coutumes n’est pas forcément une situation de tout repos. Il vous faut, outre composer avec cette nostalgie insidieuse que l’on nomme « mal-du-pays »; mais que je qualifierais plus justement, pour l’avoir pratiquée au-delà du raisonnable, de « mal-des-vôtres » ; trouver rapidement vos repères géographiques, sociaux, professionnels; vous faire votre petite place au sein d’un environnement qui jusque là c'est raisonnablement passé de votre encombrante petite personne; tout en sachant que quoi que vous fassiez vous y resterez, fut ce au terme de longues années; irrémédiablement méconnu , irrémédiablement différent, exotique aux yeux des locaux, et parfois même regardé comme potentiellement néfaste .

     

     

    Si de plus vous êtes un pédésexuel à faire passer Dame Elton John pour le champion du monde de la chatte fourrée, votre intégration dans une société latine, machiste, catholique, apostolique et forcément Romaine n'en sera que moins aisée.


    Ma première surprise fut de constater que mes nouveaux bureaux, mes nouveaux collègues ne différaient guère de ceux que je venais de quitter. On traitait Via della Ferratella in Laterano, à peu de chose près, les mêmes dossiers que boulevard Malesherbes, on y commentait les mêmes coucheries, on y assassinait ses rivaux avec la même férocité, et si le café – Italie oblige – y était meilleur, la déco élégante et froide ne variait pas d’un iota.

    Seule différence notable, alors que l’agence de Paris regorgeait d’aimables tapioles au verbe leste et aux cravates colorées, celle de Rome semblait n’employer que des hétéros, exception faite d’une gouine revêche et osseuse pour laquelle tout ce qui portait pénis méritait la mort par le pal, demoiselle qui en dépit des trésors de charme que je déployais pour l’amadouer me demeura hostile jusqu’à mon départ.


    Je passais donc les premiers temps de mon séjour en compagnie d’arrogants petits coqs parlant ballon et nichons, de jeunes mamans préoccupées par l’éducation de leur marmaille et pire que tout, d’entremetteurs des deux sexes bien décidés à fourguer le nouveau venu – un beau parti murmurait on – à quelque Bovary Italienne sèche comme une fleur d’aubépine entre les pages d’un roman .


    Ma libido d’ordinaire enthousiaste ayant eut la courtoisie de s’inscrire aux abonnés absents, je jouais donc les males dominants, barbe d’aventurier , sourire de pirate et pectoraux saillants, poussant le vice jusqu'à courtiser une graphiste qui n’avait, la malheureuse, rien à faire de mes attentions, me désolant de ses dédains sur un air de Lamento dés que je rencontrais une oreille compatissante; jusqu’à ce qu’un beau matin ou un vilain soir, certains picotements, certaines raideurs au niveau de mon entre jambe ne viennent me rappeler que j’avais vingt six ans, une bonne santé, un sexe indéniablement masculin dont je pouvais user autrement que pour uriner; sexe qui, est il besoin de le rappeler; ne consentait à s’ériger en colonne Trajane qu’en présence d’anatomies,elles mêmes, incontestablement masculines.

    Je compris qu’il était temps pour « Mauvaise. Graine » d'ôter son masque grotesque de Fascio Mascio afin d’endosser sa panoplie pourpre et or de « matador-mi amor-mis à mort » avant d’aller bruler ses ailes guillochées d’argent aux lampions bigarrés illuminant les nuits pédoques de la capitale de l’Empire.


    N’ayant jamais été féru des lieux de drague dont le coté clandestin , honteux , voire malsain me répugnait, pas plus que d’ étreintes mesquines torchées à la « vite fait-mal-fait »; je me dispensais d’aller trainer mes escarpins Gucci dans les jardins du Monte Caprino , ou sur la plage du Buco, au bien nommé lieu-dit « Settimocielo », et décidais de faire mon entrée dans la pédésphère Romaine par la grande porte, même si pour l’atteindre je choisis d’emprunter la discrète antichambre d’un bar feutré, intime et chaud repéré sur le net .

    Ironie du sort ou malice assumée, les païens, les débauchés, les libertins, les sodomites en somme, avaient choisis de s’installer non loin de l’église San Crisogno édifiée au Ive siècle de notre ère et que l’on considérait comme le plus ancien site de culte de la ville. J’avouerais franchement, puisque « Mauvaise. Graine » je suis, que l’idée de me livrer à cent turpitudes à l’ombre d’un lieu saint entre tous, me mettait dans une joie féroce.


    Comme vous pouvez-vous en douter, une « Mauvaise. Graine », ça soigne ses apparitions aussi me précipitais je chez une esthéticienne qui me fit la peau aussi lisse, aussi veloutée que le derrière pommelé de ces chérubins imbéciles, aux ailes froufroutantes et aux mines équivoques volant par nuées au plafond de la Sixtine , puis chez un dentiste du cabinet duquel je ressortis avec un sourire que l’on ne pouvait contempler sans lunettes noires sous peine de voir sa rétine irrémédiablement endommagée.


    Se posa ensuite, devant un dressing plein à craquer de fringues griffées, l’inévitable et grave question du « keske-j’vais-mettre ? J’ai-rien-à-me-mettre ! » .
    Comment s’habille-t-on pour prendre d’assaut la ville éternelle lorsque l’on sait que les Romains, et à plus forte raison les pédales Romaines, sont des toxicos de la mode ?

    Chic et choc ?

    Chic et toc ?

    Chic et salope ?

    Salope très salope et pas chic du tout ?


    Je ne sais plus pour quelle tenue j’optais mais ce fut un V beau comme un camion de pompiers qui un soir de Mai, le joli Mai, poussa la porte du « Garbo », Vicolo Santa Margherita, dans le quartier du Trastevere ce lacis de ruelles traçant son réseau serré derrière la piazza Sidney Sonnino; un V qui ignorait encore au moment ou il pénétra dans le bar que ses amours Transalpines ne porteraient jamais et pour jamais que l’unique prénom de Silvio.